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Bilan de l’Assemblée Générale 2024 de l’association ARICI, organisatrice du salon CRECENDO

Sur l’invitation de Gilbert Mugnier, président de l’association ARICI, C+ accessoires s’est rendu à l’Hôtel Mercure Paris-Montparnasse pour assister à son Assemblée Générale. Extraits.

Par Florence Julienne

Mardi 23 janvier 2024, 10 heures : Gilbert Mugnier souhaite une excellente année aux participants, membres de l’association ARICI, par ailleurs agents de marques de chaussures pour la France. Puis, il dresse un bilan de l’état du marché français de la chaussure. Le but ? Souligner l’importance de rester solidaires dans la conjoncture actuelle et ouvrir pour CRECENDO des perspectives qui répondent aux besoins du marché.

La défaillance des enseignes de chaussures ou le pas de plus vers un marché tendu

« Depuis la fin de la période du Covid, nous connaissons de nombreuses défaillances d’entreprises. Dans le secteur du prêt-à-porter : le Journal du Textile a disparu ; il n’y a plus, à proprement parler, de salon du prêt-à-porter. Et dans celui de la chaussure : liquidations judiciaires de San Marina (160 magasins), André (130), Chaussexpo (160), Salamander (une vingtaine de boutiques), Heyraud (30), disparition d’une chaîne comme Texto (environ 200)…

Ces enseignes, situées en centre-ville, représentaient près de 40% de parts de marché. Les chiffres d’affaires de celles qui perdurent sont souvent en baisse. D’après nos informations, le taux de revente avant soldes se trouve autour de 40/50%, voire moins. Les résultats sont décevants. Certaines chaînes sont à 36%.

Si un groupe comme Vivarte (André, San Marina, Minelli, etc.), qui avait les moyens de recourir à des cabinets de consultants, n’a pas tenu, quid des commerçants indépendants ? Certes, ils font preuve de résilience, car, à la différence des chaînes, ce sont leurs propres magasins. Leur situation reste néanmoins préoccupante.

Malgré ces fermetures, la consommation ne s’est pas reportée sur les chausseurs indépendants : 800 points de vente environ ont disparu. De nombreux détaillants ne renouvellent pas leur bail, changent d’activité, partent en retraite sans aucun repreneur. Il y a très peu de créations de boutiques. Dans la mesure où le secteur évolue dans une logique économique de volumes, le risque encouru est une augmentation des stocks et qu’à terme, ils se retrouvent avec des problèmes de trésorerie. Heureusement, bon nombre de points de ventes détaillants restent encore performants, s’adaptent, utilisent les réseaux sociaux.

Fermetures d’usines, seconde main, sneakers, soldes : autant de facteurs aggravants pour les marques de chaussures et les détaillants spécialisés

Tous les secteurs d’activité dans la mode sont concernés. Par exemple, SMCP (Maje, Sandro, Claudie Pierlot et Fursac) chute en bourse avec des emplacements numéro 1. Internet n’est pas en cause : les structures qui ont souffert possédaient un site de vente en ligne. Le marché de l’équipement de la personne et le réseau de détaillants se fragilisent, confrontés à une baisse de la consommation. Les raisons sont l’inflation, un pouvoir d’achat en baisse, un panier moyen plus bas et un report de la consommation vers les produits des distributeurs.

Conséquences : des fabricants de chaussures ferment en Europe et des dirigeants de marques peuvent apprendre, du jour au lendemain, que la collection ne sera pas livrée. Face au repli des commandes, les ateliers ne veulent plus investir dans de nouveaux moules : en résulte qu’il n’y a pas d’innovation en termes de semelles (voire très peu).

La vente des produits de seconde main commence à inquiéter la profession — les résultats de Vinted sont parlants. Le segment des sneakers dans le marché de la chaussure représente environ 53%. Ce ne serait pas un souci si les détaillants distribuaient des baskets type Nike (38% des chaussures mondiales commercialisées, selon Statista), Adidas ou d’autres marques américaines, promotionnées par les réseaux sociaux… mais ce n’est pas le cas malheureusement !

Par exemple, la sneaker Air Force 1 et la Dunk (Nike) sont les modèles les plus vendus en France, toute catégorie de chaussures confondue !

Intersport est le leader en termes de vente de sneakers, suivi par Decathlon, Courir ou Footlooker. Chaussea et Besson n’arrivent qu’en quatrième et cinquième positions, (les statistiques sont disponibles). La standardisation des tenues (costume/baskets) entraîne un manque de diversification de la rue. Cela dit, il reste encore une place pour une distribution de produits autres, des points de ventes tirent très bien leur épingle du jeu.

À cette situation, il faut ajouter la multiplication des ventes privées, des promotions, le Black Friday, le Cyber Monday et des soldes qui dévalorisent les articles :  la réussite du monde du luxe résulte qu’il ne pratique pas de soldes. Aujourd’hui, beaucoup souhaitent reculer la date des soldes, mais peu ont la trésorerie pour l’assumer…

Dans un contexte compliqué, la solidarité entre professionnels de la chaussure, incarnée par CRECENDO, est indispensable

Le salon de la chaussure CRECENDO, dernier salon professionnel parisien, indépendant, tenu par des agents et financé avec leurs commissions, est le reflet de l’état du marché. De 2 000 visiteurs détaillants spécialisés, CRECENDO est passé à près de 1 000 ; mais qui peut se vanter d’en accueillir autant ?

Pour les marques, notre tarif de location de stands est attractif par rapport à la concurrence, à savoir moins de 200€ le m2. Pour les agents, l’association ARICI offre son aide face aux problèmes de fabrication, copies, trésorerie, etc.

Nous devons tout mettre en œuvre pour résister et donner envie aux détaillants d’acheter des collections attractives, car il y aura toujours de la place pour des chaussures de ville ! CRECENDO doit valoriser son offre.

Conjuguer la date de CRECENDO septembre 2023 avec celle du salon Who’s Next a permis de bénéficier du visitorat des acheteurs de boutiques de prêt-à-porter. Et une cinquantaine de nouveaux clients ont fait le déplacement, notamment depuis les Dom-Tom.

L’édition CRECENDO, présentant les collections printemps/été 2025, est prévue du dimanche 1ᵉʳ au mardi 3 septembre 2024

Le choix des dates de septembre 2024 monopolise l’attention des acteurs de la mode. Il faut rappeler que du 28 août au 8 septembre auront lieu les Jeux Paralympiques, soit une affluence nettement moins importante que pour les JO. Les estimations sont actuellement revues à la baisse : les hôtels commenceraient à recevoir des annulations ; les prix devraient baisser et revenir à un tarif raisonnable.

Du côté des salons régionaux, seuls Lyon et Toulouse se tiendront aux mêmes dates. Who’s Next aurait lieu du mardi 10 au jeudi 12 septembre (à date de publication), un choix en semaine, impossible à suivre pour CRECENDO. Micam, quant à lui, se déroulera du 15 au 18 septembre.

Gestion de l’association ARICI, organisatrice du salon CRECENDO : l’heure du bilan comptable

À cinq semaines de CRECENDO février 2024, 128 exposants sont déjà inscrits, beaucoup sont en cours d’inscription. Le plan définitif sera transmis dès réception de l’accord de la commission de sécurité du Parc Floral. Le salon a récupéré plus de la moitié des exposants qui étaient partis sur un salon concurrent.

Le chiffre d’affaires 2023 reste quasiment identique à celui de l’année 2022.

Durant l’exercice 2022, ARICI a enregistré une perte de 182 000€, due au départ des exposants sur un salon concurrent. Elle n’a été que de 24 000€ en 2023. Cette somme correspond à l’organisation d’un showroom, fin septembre 2023. Le peu d’exposants présents ne justifie pas un showroom complémentaire à cette date tardive ; cet évènement ne sera donc pas renouvelé.

Malgré les périodes compliquées que nous avons traversées, les capitaux propres sont au même niveau qu’en 2017/2018, années de la reprise par l’ARICI, après la disparition d’Alain Corassant.

Réservation d’hôtels, restauration, ouverture à la maroquinerie : les pistes envisagées pour dynamiser les futures éditions du salon CRECENDO

L’idée d’un buffet ou d’hôtesses, qui passeraient dans les allées avec des chariots pour proposer une collation, est à l’étude.

Pour répondre aux inquiétudes face à la flambée des prix des chambres d’hôtels, une plateforme spéciale, orchestrée avec le Parc Floral et GL Events, sera mise à la disposition des exposants et des détaillants. Ce, afin d’obtenir des deals avantageux et de les rassurer sur les prix réels pratiqués.

Enfin, suite à l’arrivée d’autres marques renommées de maroquinerie – ANEKKE, EMILY & NOAH et SURI FREY – sur l’édition qui se tient du 25 au 27 février 2024, le salon CRECENDO envisage de s’ouvrir à ce secteur d’activité, mais aussi, par extension, à d’autres accessoires de mode pour satisfaire plusieurs demandes. »