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Interview

Six questions à Franco Gabbrielli

Le président du salon Mipel, également président de Assopellettieri, la fédération des fabricants italiens de maroquinerie, évoque la conjoncture actuelle de la filière.

Cette rentrée signait, on l’espère, la fin de la crise sanitaire et le retour à la vie des événements professionnels. Après Paris, nous sommes allés de l’autre côté des Alpes, à Milan, constater la reprise, timide mais certaine, du Mipel, le salon italien de la maroquinerie. Il se tenait du 19 au 21 septembre 2021 aux côtés du Micam et de Homi, consacré à la décoration, aux accessoires etc. L’occasion de faire un point avec Franco Gabbrielli.

Par Marie-Emmanuelle Fron

1 – Comment les fabricants italiens de maroquinerie ont-ils traversé cette crise sanitaire ?

Les fabricants spécialistes du haut de gamme et du luxe ont bien tiré leur épingle du jeu. C’est plus difficile pour les autres segments de marché. Les résultats du premier semestre 2021 redonnent confiance : la production industrielle nationale a augmenté de 43% les six premiers mois de l’année par rapport à ceux de 2020. Les exportations affichent une hausse de 31% tirée par la locomotive du luxe. Les ventes au détail en Italie ont progressé de 23% environ. Et le chiffre d’affaires des membres de l’Association de 29,5%.

2. Peut-on parler de retour à la normale ?

Le second semestre 2021 sera décisif pour avancer l’idée d’un rebond post-confinements ou celle d’un début de reprise solide. Seuls les résultats globaux annuels permettront de savoir si les ventes ont renoué avec les performances de 2019. Pour l’heure, six entreprises sur dix se disent « en dessous de leurs chiffres de 2019 » sur cette première moitié d’année.

3. Le thème de la relocalisation est dans l’air du temps. Qu’en est-il réellement ?

Depuis la crise sanitaire, cette réalité augmente. A titre d’exemple, les sous-traitants qui fabriquent à Florence pour les grands du luxe disposent de carnets de commandes remplis. Autre signe positif : les investisseurs se penchent sur ces sociétés industrielles locales.

4. Pensez-vous qu’un salon spécialisé ait encore de l’avenir ?

Cette saison, le nombre d’exposants par rapport à 2020 a doublé, même s’il ne représente encore qu’un tiers de celui de 2019. Ce retour des acteurs prouve l’importance des événements spécialisés.
Toutefois, jeter des ponts entre les manifestations s’avère aujourd’hui indispensable pour relancer toute la filière. Mipel (maroquinerie), Micam (chaussures) et Homi (bijoux) se tiennent volontairement en même temps. Par ailleurs, pour la première fois, nous avons installé une nouvelle entité, baptisée Mipel Lab, au sein de Lineapelle (salon dédié aux fournitures et composants en cuir). Il s’agit d’une avant-première menée avec 13 fabricants. Tous sont des sous-traitants d’excellence : Pelletteria Fiorentina Montecristo, Rica, Dimar group, Tivoli group, etc. Cette initiative est vouée à s’étendre à d’autres secteurs, chaussures ou vêtements de cuir notamment. Réunir d’un côté les matières premières et, de l’autre, les solutions de production dans un même cadre spatio-temporel s’avère constructif pour les marques.

5. Que diriez-vous aux professionnels français pour les convaincre de venir au Mipel ?

Nous réfléchissons à un rapprochement entre la France et l’Italie, deux nations d’excellence mode. Créer des synergies avec Premiere Classe, par exemple, pourrait être favorable à l’évolution du secteur à l’heure où les acheteurs asiatiques ne se déplacent plus en Europe. Nous en discutons entre organisateurs de salons.

6. Quels acheteurs internationaux répondent présents ?

Les Russes sont toujours au rendez-vous en Italie et ils sont nombreux cette saison aux salons de Milan. Les Américains reviennent, mais avec plus de retenue. Les Européens ont, quant à eux, repris leurs bonnes habitudes.

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