Illustration d’une mode éco-responsable, l’Atelier Charentaises donne envie de lever le pied
Les charentaises de l’Atelier Charentaises, faites main et made in France, s’inscrivent dans une mouvance slow fashion en faisant perdurer le savoir-faire d’une tradition héritée de plusieurs générations.
Par Florence Julienne
La nouvelle donne sociologique du télétravail a promu, en quatre saisons, les pantoufles au rang de It shoes. De fait, elles sortent de leur réserve habituelle : le homewear. Sans sacrifier au confort qui est leur principal atout, les charentaises, auparavant associées à des chaussants pour papy mamy, deviennent sleepers, un terme qui rime avec la tendance slow life, slow fashion. Fort de ce nouveau contexte, L’Atelier Charentaises, fabricant de pantoufles traditionnelles, est en train de tirer son épingle du jeu.
La maison Rondinaud est née en 1907, pour réaliser et commercialiser des chaussons. À l’époque, ils n’ont ni pied droit, ni pied gauche, mais sont destinés à être glissés dans les sabots, pour plus de confort. La manufacture essuie deux faillites à l’aube de 2020. Qu’à cela ne tienne, Michel Violleau, 35 ans d’expérience dans la chaussure, et Olivier Rondinaud, arrière-petit-fils du cordonnier d’origine, décident d’affronter la concurrence bas de gamme, avec une stratégie managériale qui fait sens à l’heure où l’écoresponsabilité rencontre un écho de plus en plus favorable auprès d’une nouvelle clientèle (Millenials, mais pas que). De quoi faire revivre cet accessoire de mode, qui porte le nom du département de la Charente.
Un savoir français centenaire pour des charentaises en matière naturelle
La nouvelle société, baptisée l’Atelier Charentaises, s’engage dans une fabrication qui exclut toute utilisation de synthétique et de colle. Elle privilégie la laine de mouton, une matière naturelle issue de la nécessaire tonte des animaux. Les dirigeants se fournissent à 7km de La Rochefoucauld en Angoumois (Charente), là où est située l’entreprise. Pour la réalisation des semelles (Maison Tournier à Mazamet) en feutre laine tissé trame, les fils de laine et de coton sont tissés dans un sens, dans l’autre puis passés au foulon pendant 48 heures.
La conception de charentaises remonte au Roi Soleil, c’est dire si la région est légitime. Si la technique a évidemment évolué, il n’en reste pas moins que les machines de l’Atelier Charentaises remontent à 1947. De plus, l’entreprise conçoit ses propres aiguilles. Emporte-pièce en fer forgé, piqûre de jointage, baguettage, bordage, montage selon la technique du cousu–retourné, pose de la première semelle en laine que l’on appelle aussi douillette, retournement du produit sur un banc nommé chèvre… Le vocabulaire, spécifique à cette profession, va de pair avec une fabrication minutieuse, qui demande une réelle expertise, du temps et de la patience. À l’arrivée, cela donne une pantoufle souple et confortable, sans couture visible.