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Maroquinerie

Rien ne remplace le cuir !

Soruka, des sacs à main recyclés, uniques, à prix accessibles

Comment transformer des milliers de tonnes de chutes de cuirs dormants en accessoires de mode faits main ? En les mariant dans un ludique mix and match !

Le PVC et le PU ? Polluants ! Le Pinatex, l’Apple Skin et autres dérivés à base de végétaux ? Intéressant mais pas abouti ! Le cuir… c’est ce qu’on fait de mieux (solidité, durabilité, sensualité…), mais son industrie a une incidence sur la condition animale et la planète. Les restes de cuir ? Ça, c’est équitable ! Et c’est précisément l’objectif de Soruka, une marque espagnole, créée en 2017 et fabriquée en Inde. Josep Riera (ex Original Art) est à l’origine de ce concept, qui marie la nécessité de réduire notre consommation (#rrrplusr) avec plusieurs réalités : permettre à des structures économiques de continuer d’exister ; recycler les déchets et ne pas sacrifier la mode sur l’autel d’une décroissance écofaciste.

Du bénéfice net d’un cercle vertueux

« Nous pensons que c’est un incroyable défi d’utiliser et transformer toutes ces matières inutiles (+ de 60 % du cuir n’est pas exploité) en créations utiles, tout en contribuant à un meilleur futur », déclare le créateur qui s’emploie à un work process exemplaire en Inde : recycler les déchets de cuir (qui gisent et vont, pour la plupart, être brûlés), former ses ateliers au savoir-faire manuel de la maroquinerie avec des chutes et proposer des pièces fashion. Pour cela, la direction artistique choisie est un triptyque de matières et coloris dans une playfull association, comprenez des jeux de contrastes entre le fond des sacs et la face plus tonique. Les plus petites boutures sont utilisées pour les porte-clés, bijoux (bracelets) et petites décorations. CQVD : pas de collections saisonnières et des stocks pour faciliter la revente.

Cette année, pour aller encore plus loin dans la démarche écologique, Soruka a délibérément retiré tout plastique, privilégiant l’utilisation de chutes de sari (vêtement traditionnel des Indiennes) pour coudre des pochons qui servent d’emballage. L’avantage ? Chaque modèle est une pièce unique, donnant ainsi à la marque une dimension Couture valorisable. Néanmoins, elle a choisi de se positionner sur les prix du marché avec des articles qui vont de 10 € (pour les pochettes) à 149 € (pour les cartables), en passant par la petite maroquinerie (30 €) ou la besace (35 €). Le responsable de la commercialisation auprès des revendeurs français est Didier Ricaud Conseil (qui distribue également Biba, Ines de la Fressange). Son équipe a découvert cette griffe sur le dernier Maison&Objet — devenu un carrefour de la maroquinerie — et signé immédiatement pour l’implanter auprès de son réseau de distribution (maroquinerie, concept stores, boutiques de prêt-à-porter) aujourd’hui au nombre de 150.

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Le petit + de C+ ? Soruka ne souhaite pas se développer sur le Web, pour privilégier le réseau physique, mais aussi parce qu’« on ne peut pas véhiculer un discours en faveur de la planète et à la fois contribuer à sa pollution ». Et il est vrai que l’expédition des articles et surtout leurs retours (C+ accessoires enquête actuellement sur le sujet, mais ils seraient de l’ordre de 70 % dans la chaussure) sont en rupture totale avec une digitalisation des achats qui présenterait LA solution pour l’avenir. A supposer qu’il n’y en ait qu’une seule…

Par Florence Julienne